Motion de procédure

mai 18th, 2008 Rackam

Le rejet du texte sur les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) ce mardi 13 mai par l’Assemblée Nationale a fait grand bruit. La majorité parlementaire a en effet été mise en défaut à cause de dissensions internes et d’un nombre très élevé d’abstentionnistes dans les rangs de l’UMP. Mais au-delà des raisons intrinsèques à ces comportements (texte trop permissif pour certains, trop restrictif pour d’autres etc.), intéressons-nous plutôt à la procédure de rejet.

L’adoption d’un texte se fait en trois étapes :

  • Le débat général sur l’intérêt du texte,
  • Le débat article par article avec vote pour chaque article,
  • Le vote d’ensemble (après les explications de vote).

Toutefois, au cours de la première étape, les parlementaires ont la possibilités de déposer des motions de procédure. Or, c’est bien l’une d’entre elles qui a permis à l’opposition de rejeter le texte présenté.

Le compte-rendu de cette séance de l’Assemblée Nationale nous informe qu’une exception d’irrecevabilité a été déposée par Jean-Marc Ayrault et le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. L’exception d’irrecevabilité pose la question de la constitutionnalité du texte. Cette motion doit permettre d’éviter à un texte d’être voté par les deux chambres avant d’être censuré par le Conseil Constitutionnel car contraire à la Constitution. Ici, François Brotess, qui s’exprime au nom du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, invoque le principe de précaution, “au cœur de notre Constitution” pour justifier cette exception d’irrecevabilité : le projet de loi ne respecterait pas ce principe de précaution. Quoi qu’il en soit, l’argumentaire développé par François Brotess puis par Yves Cochet pour le groupe Gauche démocrate et républicaine (sans grand rapport avec des notions constitutionnelles pour le second) ne convainc pas une majorité de députés puisque l’exception d’irrecevabilité est rejetée (85 pour, 114 contre, 1 abstention). Seules deux exceptions d’irrecevabilité ont été adoptées depuis 1958.
Une seconde motion de procédure a cependant été également déposée : la question préalable, laquelle entend s’interroger sur l’opportunité du texte. André Chassaigne argumente ici pour le groupe Gauche démocrate et républicaine et Jean-Claude Santier qui ont déposé la question. Cette fois-ci, la question est adoptée par 136 voix contre 135 (2 abstentions). Le texte est en conséquence rejeté.

En plus de ces deux motions de procédures, utilisée lors de cette séance, on peut également en mentionner une troisième : le renvoi en commission. Elle exige le renvoi du texte discuté en commission car celle-ci aurait opéré un mauvais travail sur le texte.
Notez enfin une dernière motion mais réservée au Sénat uniquement : la motion préjudicielle qui lie le débat du texte à l’aboutissement certaines conditions précises.

Compte-rendu de la deuxième séance du 13 mai 2008 à l’Assemblée Nationale.

Posted in Actualité, Politique | 173 Comments »

Deng Xiaoping

mai 8th, 2008 Rackam

Le “petit timonier” est certainement beaucoup moins connu que le grand et pourtant, il est au moins aussi important que celui-ci, sinon plus.

Deng Xiaoping commence tout d’abord par suivre Mao Zedong dans tous ses combats après avoir connu le communisme en France avec Zhou Enlai, grand diplomate chinois. Il participe à la célèbre “Grande Marche” (retraite de leur base du Jiangxi des forces communistes après l’attaque des nationalistes) en tant que Secrétaire Général du Parti Communiste Chinois, combat contre les impérialistes japonais et dirige même l’attaque finale contre Tchang Kaï-Chek, qui permet l’avènement de la République Populaire de Chine.

Toutefois, Deng doit être caractérisé comme un pragmatique, un réformateur plus qu’un maoïste pur et dur même si sa fidélité envers le dirigeant incontesté de la Chine n’est pas à mettre en doute. En 1957, Mao lance la Campagne des Cents Fleurs, qui autorise et même encourage le peuple et les intellectuels à émettre leurs critiques envers le régime pour l’améliorer et renforcer également l’emprise de Mao sur celui-ci. Toutefois, elle prend une ampleur imprévue et les critiques contre l’action du leader fusent. C’est le début de la répression anti-droitière, confiée à Deng Xiaoping, et qui verra plus d’un million de Chinois arrêtés. Deng montre réellement sa divergence par rapport à la ligne dure après l’échec désastreux du “Grand Bond en avant” de Mao. Avec l’aide de Liu Shoaqi, il réussit d’ailleurs à pousser - temporairement - Mao hors du pouvoir.
Cette ligne modérée de Deng ne reste toutefois pas sans conséquences. Il est écarté une première fois de la vie politique lors de la Révolution Culturelle de 1966, qui voit le retour de Mao. Il s’en sort toutefois plutôt bien, puisqu’il est simplement envoyé à la campagne pour sa rééducation tandis que Liu Shaoqi décède en prison, même s’il vit un drame personnel avec la défenestration de son fils par les Gardes rouges. Zhou Enlai, véritable mentor et seul progressiste qui ne sera jamais inquiété, parvient à remettre Deng sur le devant de la scène. Il lui confie en effet ses différents pouvoirs, se sachant atteint d’un cancer. Cela n’empêche pas la Bande des Quatre, ligne extrémiste du parti d’écarter une nouvelle fois Deng à la mort de Zhou. Mais Mao décède également peu après et la Bande des Quatre est arrêtée. Deng est alors réhabilité sous la pression de l’Armée par le nouveau Premier ministre, Hua Guofeng. Deng s’attelle alors à éjecter Hua et exerce dès lors un rôle de leader incontestable de la RPC.

Deng définitivement installé au pouvoir, il va pouvoir mettre en pratique ses idées et convictions. On assiste alors à une véritable libéralisation de l’économie chinoise avec son ouverture aux capitaux étrangers. Des Zones d’Economie Spéciale sont crées (sortes de zones franches), la planification disparaît progressivement et les “Quatre Modernisations” proposées par Zhou sont mises en place. Il en résulte une indéniable montée en puissance de l’économie chinoise, malgré la persistance et le développement d’inégalités.
Si certains espéraient toutefois que cette libéralisation économique s’accompagne d’un développement des libertés, d’une mise en place d’une démocratie ou au moins de principes démocratiques, ils en sont pour leurs frais. Evidemment, on pense ici aux événements de Tian’Anmen, manifestations brutalement réprimées par l’Armée populaire sur ordre ou au moins avec l’aval de Deng. Le dirigeant prépare également soigneusement sa succession, n’hésitant pas à écarter ceux qui ne suivent pas sa ligne officielle : son favori de l’époque, Zhao Ziyang est limogé de son poste de Secrétaire Général du PCC pour avoir tenté de parlementer avec les étudiants contestataires.

Deng Xiaoping est donc véritablement l’artisan de la Chine moderne. C’est grâce à lui que la RPC est devenue une puissance économique majeure et incontournable, sa clairvoyance et son pragmatisme l’ayant permis de s’écarter de l’idéologie purement maoïste. Cela n’enlève évidemment rien au caractère totalement autoritaire de son gouvernement, mais sa brillante réussite économique et la place qu’il a octroyé à la RPC sur la scène internationale a certainement permis de pérenniser cette dernière. On peut encore le constater aujourd’hui, la pratique des dirigeants actuels se trouve être dans la droite lignée de celle de Deng et le fait que Hu Jintao ait été introduit comme successeur de Jiang Zemin par Deng lui-même n’est certainement pas étranger à cette observation.

Posted in Histoire | 178 Comments »

John Stuart Mill, De la liberté

mai 1st, 2008 Rackam

Ca faisait très très longtemps que je n’avais rien écrit ici. Je vais essayer de retrouver un rythme de publication un peu plus régulier désormais. Voici pour l’heure un rapide résumé de l’excellent livre de John Stuart Mill, De la liberté. J’ai volontairement laissé de côté certains aspects (il développe plus l’éducation notamment) pour essayer d’arriver à quelque chose d’un peu plus construit. Mes excuses pour l’apparence très scolaire encore du texte.

 

 

John Stuart Mill est un philosophe et économiste britannique majeur du XIXe siècle. Il passe un certain temps en France où il peut voir les effets de la démocratie, acquise après la Révolution française de 1789, et analyse ses dérives dans son œuvre la plus connue, De la liberté.

Introduction

Il faut tout d’abord resituer le contexte de cette société post-révolutionnaire. Si la démocratie est véritablement acquise aux yeux de Mill, il n’en a pas moins contemplé les effets pervers et la dérive considérable qu’a représentée la période de la Terreur. L’auteur est également un ami d’Alexis de Tocqueville avec lequel il correspond régulièrement. Ce noble français se consacre un temps à l’étude de la jeune démocratie américaine et analyse au demeurant les mêmes phénomènes, ce qui leur permet de mettre en relief leurs constats.

Mill entend ainsi comprendre ce qui a amené la démocratie à se transformer – temporairement certes – en un régime des plus violents en France.

 

Nécessité de limiter le pouvoir

Benjamin Constant critiquait déjà le caractère absolu du pouvoir, en le considérant comme des plus néfastes. Mill se place dans la lignée de cette réflexion et rejette l’idée que « les peuples n’ont pas besoin de limiter leur pouvoir sur eux-mêmes ». Car c’est bien cette grave erreur qui a mené aux errements de la Terreur selon lui.

Ainsi, « le gouvernement de chacun par soi-même », censé être l’aboutissement du processus démocratique pensé à l’origine, se transforme plutôt en un « gouvernement de chacun par tous les autres » (p. 65). Le pouvoir glisse du peuple vers la majorité du peuple, voire vers « ceux qui parviennent à s’imposer en tant que majorité ». D’où la nécessité impérieuse de limiter le pouvoir (en le séparant comme le suggérait Montesquieu ?).

La société toute puissante peut en effet se « glisse[r] dans les plus petits détails de la vie, asservissant ainsi l’âme elle-même » (p. 66). Elle instaure la « tyrannie de la majorité », c’est-à-dire le règne de l’opinion dominante et ne dispose plus seulement de sanctions pénales, mais également de sanctions morales. Or, il y a bien une limite à opposer contre cette forme de tyrannie, il existe un juste milieu entre le contrôle social - qui est nécessaire - et l’indépendance individuelle, toute aussi primordiale.

 

Illusion universelle

La question des règles de conduite que la société doit imposer – directement par les sanctions pénales ou indirectement par les sanctions morales – est donc centrale. Or force est de constater que diversité est le maître mot dans ce domaine. La relativité des lois humaines est particulièrement remarquable, il suffit pour ce faire de se pencher sur les lois et coutumes des différentes époques et pays. Sparte encourageait le vol dans le cadre de l’initiation des jeunes hommes, les Romains avaient droit de vie et de mort sur leur famille, les Pharaons se mariaient parmi leur famille pour préserver la pureté du sang et cætera, alors même que ces actes sont unanimement réprouvés aujourd’hui, l’inceste constituant au demeurant un tabou des plus absolus dans les sociétés occidentales…
A notre époque encore, la question demeure entière. Ainsi, les Etats-Unis autorisent la peine de mort tandis que l’Angleterre l’interdit, l’avortement est légal en France, la Constitution irlandaise déclare le contraire.

Et pourtant, nos normes et grands principes généraux nous semblent parfaitement naturels, un véritable consensus s’opère sur la question (qui penserait à légaliser le vol ?). C’est une véritable « illusion universelle » affirme le penseur britannique. L’œuvre de Mill se présente sous ce premier aspect d’une grande modernité donc, à l’heure où des organisations internationales tentent d’établir des normes universelles notamment et où des guerres sont déclenchées pour les promouvoir.


Comment s’effectue donc cette illusion ? Pourquoi ces normes nous semblent-elles si naturelles ? « Influence magique de l’habitude » et « inclination du plus grand nombre » nous répond-il. La coutume « devient non seulement une seconde nature, mais se confond constamment avec la première », elle « neutralise toute critique éventuelle des règles de conduite ». Et la force justement de cette coutume est de n’être quasiment jamais remise en cause par les inclinations personnelles, par une réflexion conduite. Chacun prend son voisin pour modèle et veut être un modèle pour son voisin. Plutôt que de mener une délibération construite sur le sujet, l’on assiste à une ‘convention’ toute keynésienne[1]. D’où la seconde origine de l’illusion, l’opinion de la majorité. La classe dominante de la société détermine la moralité du pays, ses intérêts déterminent les intérêts du pays. De la même manière, on peut observer qu’un changement de classe dominante entraîne généralement un renversement complet de morale.

 

Juste mesure du contrôle social

L’une des facettes les plus marquantes du contrôle social, et qui a souffert d’un débat marquant dans l’ensemble des pays, contrairement à ses autres aspects, est bien la tolérance à accorder en matière de religion. Si Mill ne cite pas ici d’auteur précis, on pense évidemment à Voltaire ou John Locke pour ne citer qu’eux, comme grands acteurs du débat (se conférer à la Lettre sur la tolérance de Locke par exemple).

Au-delà du simple débat religieux, l’auteur constate qu’il existe « une somme considérable de sentiments prêts à se soulever » contre toute ingérence de l’Etat dans de nouveaux domaines sans toutefois « s’interroger sur ce qui fait partie ou non de la sphère légitime du contrôle officiel ». Ainsi, la question de la juste mesure du contrôle social n’est pas réfléchie par la société. Mill consacre son œuvre à cette interrogation. Selon lui, les hommes ne doivent recourir à la force que pour « assurer leur propre protection », pour « empêcher [un membre de la société] de nuire aux autres ». Il ne faut surtout pas contraindre quelqu’un ‘pour son propre bien’. « Sur lui-même, sur son corps et son esprit, l’individu est souverain ». Seule limite que l’auteur place à cette maxime : lorsque le gouvernement doit diriger « des barbares », alors le despotisme est légitime. Mais il ne dure qu’un temps, celui d’éduquer ces barbares et de les « guider sur la voie du progrès ». On pressent déjà ici l’importance de l’éducation, thème sur lequel Mill d’ailleurs consacre une partie de son ouvrage.

Pour résumer, deux libertés sont fondamentales et ne doivent pas être soumises au contrôle du gouvernement ou de la moralité : la liberté de conscience et la liberté d’expression, qui sont d’ailleurs indissociables. Les sanctions pénales et morales n’ont aucune légitimité dans le cadre d’une individualité stricte, lorsque la conduite d’un individu n’affecte que lui-même.

 

Conclusion

John Stuart Mill analyse en premier lieu la démocratie et ses faiblesses, à la lumière de l’expérience de la Terreur. Il en résulte une nécessaire limitation du pouvoir accordé au peuple pour éviter de sombrer dans ce qu’il appelle « la tyrannie de la majorité ». L’Etat et la société ne doivent pas intervenir dans le cadre d’une individualité stricte mais se cantonner à des actes nuisibles aux autres. Les libertés de croyance et d’expression sont fondamentales car elles permettent le débat et donc la progression de la société. Si l’éducation a également un rôle primordial et doit être garantie par l’Etat à tous les citoyens, cet Etat ne doit pas pour autant l’assurer sous peine de voir l’émergence d’un « moule », ce qui nuirait forcément à cette diversité des opinions.

 


 

[1] Sorte de représentation collective basée sur ce que l’on pense être l’opinion dominante. Keynes prend l’exemple d’un concours de beauté où les jurés votent en fonction de ce qu’ils pensent être le goût de la majorité et de leurs collègues et non en fonction de leur opinion propre.

Posted in Littérature | 191 Comments »

Projet de loi sur la rétention de sûreté

janvier 9th, 2008 Rackam

Depuis ce mardi 08, le projet de loi de Rachida Dati, concernant la rétention de sûreté est examiné à l’Assemblée Nationale.

A l’origine, des pédophiles criminels ayant été condamnés à au moins 15 ans de prison pour des actes commis sur des jeunes de moins de 15 ans pouvaient se voir placés, à l’issue de leur peine, dans des centres “socio-médico-judiciaires” par une commission spéciale. La durée est indéfiniment renouvelable.
Depuis, deux amendements ont été déposés, étendant le champ d’action de cette loi à toutes les personnes condamnées à plus de 15 ans de prison.
Enfin, un autre amendement a introduit une rétroactivité, toutes les personnes concernées actuellement incarcérées sont désormais concernées (alors que seules les personnes libérables au mieux en 2023 devaient être concernées.

Est-il besoin de préciser que ce projet de loi a déclenché une véritable levée de boucliers ?

Plusieurs points posent clairement problème.

Tout d’abord, la rétroactivité est contraire à la Consitution. Ainsi, l’article 8 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui fait partie de la Constitution stipule :

[…] nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, […]

Or, ce principe est bien violé, du fait d’un des amendements présenté ci-dessus.

Mais c’est surtout le principe même du projet de loi qui pose problème. En effet, elle permettrait de garder enfermé des personnes à cause d’une dangerosité supposée. C’est une pure négation de la notion de Justice. Un homme a commis un crime, il est puni. Une fois sa peine purgée, il a payé sa dette à la société et a droit à la réinsertion.
Comment un médecin, un psychiatre peut-il être certain (car c’est bien de cela dont il s’agit) que la personne va récidiver ? Il ne peut pas tout simplement. Et quel psychiatre prendra le risque d’assumer la remise en liberté d’un individu alors qu’il risque de récidiver. Peu, j’en ai bien peur (et c’est bien compréhensible). A partir de là, on risque de voir des personnes enfermées à vie pour des crimes qu’elles n’ont pas commis. La présomption d’innocence est bien loin.

Posted in Actualité, Politique | 196 Comments »

Lisbonne - Dakar annulé

janvier 7th, 2008 Rackam

C’est officiel, le rallye Lisbonne - Dakar est annulé (bon depuis quelques jours mais je suis toujours un peu lent).

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, cette édition 2008 du Dakar (anciennement Paris - Dakar) devait notamment passer par la Mauritanie pendant plus de 60% du trajet. Or ce pays a été le théâtre fin décembre de l’assassinat de 4 touristes français puis de plusieurs militaires mauritaniens. Ces crimes ont été imputés au groupe terroriste Al-Qaida au Maghreb islamique, sans que l’enquête n’avance véritablement pour l’instant.

La société responsable du Dakar a donc, devant ces menaces, décidé d’annuler le rallye.

Alors évidemment, plusieurs arguments sont légitimement considérables pour justifier son annulation. Amaury Sport Organisation, organisatrice du Dakar, s’est sentie moralement responsable de l’ensemble des participants du Dakar et spectateurs. Elle a décidé d’appliquer le principe de précaution et a préféré annuler une course plutôt que de mettre la vie de personnes en danger, ce qui est tout à fait louable. D’autres personnes mettent aussi en avant le fait que le Dakar est une course automobile, qui pollue forcément beaucoup, bref qu’elle n’est pas écologique. Toutefois, je ne pense guère que cela ait pesé dans la décision finale.

Il n’empêche que cette décision provoque également des conséquences beaucoup moins positives. Tout d’abord, c’est une véritable catastrophe financière pour les écuries et organisateurs (pertes chiffrées à 50 millions d’euros). Mais surtout, c’est très dommage pour la Mauritanie qui bénéficiait de l’affluence des spectateurs, participants etc. mais également d’une bonne image pour le tourisme.
Enfin, c’est également une capitulation devant une menace terroriste. Les autorités mauritaniennes avaient promis 4 000 hommes pour assurer la sécurité du rallye. Est-ce que cela aurait été suffisant et cela aurait-il pu empêcher un attentat ? Impossible à prédire.

Encore une fois, toute la question tourne autour de l’équilibre entre sécurité et résistance (le terme est bien sûr exagéré). Il est toujours regrettable de céder face à des criminels. Maintenant, si la menace était avérée et difficilement contrable, il est certain que la question devait se poser.

Posted in Actualité | 167 Comments »

Rétrospective 2007 : Jeux Vidéo

janvier 1st, 2008 Rackam

C’est à la mode, la fin d’année est propice aux bilans. Je vais essayer de m’y attaquer pour le meilleur ou pour le pire.

Jeux Vidéo

Commençons donc par ce thème qui occupe de nombreuses heures de mon temps libre. L’année 2007 a été plus que riche en jeux vidéo de qualité très diverses. Plutôt que de vous faire un bilan général, je vais essayer de me souvenir des différents jeux auxquels j’ai joué.

MMO

Côté MMO, comme à mon habitude, je suis resté fidèle à Guild Wars. L’extension Eye of the North est sortie le 31 Août, vite terminée, vite oubliée. Elle n’est pas mauvaise en elle-même mais j’ai fait mon temps sur ce jeu qui ne se renouvelle guère. Quelques bonnes idées (Polymock notamment) trop peu exploitées à mon goût, quelques unes plus discutables (quêtes solo) mais globalement pas de révolutions. Les donjons apportent un poil de nouveauté, sans plus. Dans la pure lignée de la série en somme.
Il faudra désormais attendre bien longtemps avant d’avoir du nouveau contenu puisque Guild Wars 2 n’est prévu que pour 2009 et aucune extension ni stand-alone ne sortiront d’ici là.

Etant donné que je me refuse toujours à payer un abonnement (encore que cette barrière s’effrite), peu de possibilités alternatives d’autant plus que les quelques MMOs auxquels je me suis essayé rapidement ne m’ont guère convaincu. Eve Online demeure l’un de plus attirants sur le papier mais ne m’a pas emballé plus que ça. Nous verrons par la suite, j’ai encore l’occasion d’approfondir l’expérience avant la fin du trial.

FPS

Année plus que fructueuse côté FPS (First-Person Shooter) qui ont littéralement envahi la scène du jeux vidéos.

Côté solo, une bonne surprise en demi-teinte en la personne de Bioshock. Encensé par la critique et les joueurs, plus qu’attirant sur le papier et les vidéos, je n’ai pu m’empêcher d’être un peu déçu peut-être justement à cause d’une attente trop importante. Le scénario et l’univers sont bien plus développés que dans nombre de jeux et les possibilités d’approfondissement sont nombreuses. En fouillant attentivement chaque recoin, l’on découvre des fichiers audios qui permettent d’en apprendre plus sur Rapture (lieu de l’action) et ses habitants. Le gameplay reste quant à lui finalement assez classique, où l’on alterne entre armes à feu et pouvoirs “magiques”. Le boss de fin est pis que décevant mais on peut pardonner cette faiblesse. En tout cas, il est clair que l’ambiance glauque est parfaitement réussie et vous risquez de sursauter ou trembler plus d’une fois… Un jeu de bonne facture même si la sauce n’a pas autant pris que je l’espérais.

Côté multi-joueurs, j’ai eu l’occasion d’essayer deux titres, à savoir Enemy Territory : Quake Wars ainsi que Team Fortress 2. ET:QW est plutôt sympathique à jouer mais voilà, il n’apporte pas grand chose de plus, hormis des véhicules, que Return to castle Wolfenstein : Enemy Territory et c’est bien ce qu’on lui reproche. ET premier du nom était gratuit, très bien équilibré et bénéficiait de nombreuses cartes. Trop peu d’avantages à basculer.
TF2 est clairement une très belle révélation. Il propose 9 classes, toutes différentes dans leur façon de jouer et leur rôle mais toutes passionnantes à jouer. Il se révèle très facile à prendre en main et pourtant propose et exige un véritable teamplay. Les cartes officielles proposées sont variées et bien foutues (mis à part Fort, pitié une limite de temps !) et de nombreuses cartes réalisées par les joueurs font leur apparition. Une très bonne pioche.

Plate-formes

Je n’ai malheureusement joué pour l’instant qu’à Super Mario Galaxy sur la console de Nintendo. Il suffit toutefois à montrer que si les jeux de gamers ne sont pas légion, Nintendo n’a rien perdu de son savoir-faire. SMG est une perle. Il reste dans le plus pur esprit de la série, nous permettant de retrouver Peach, Luigi et autres Bowser. Si l’on peut ainsi reprocher un scénario enfantin ainsi qu’une difficulté relativement faible, le gameplay et finalement l’essence même du jeu sont irréprochables. Chaque minute passée dans le jeu est un plaisir. Comme d’habitude, l’on doit retrouver différentes étoiles qui sont cette fois présentes sur de nombreuses planètes. Chaque étoile s’approche véritablement d’une manière différente, le jeu est une découverte perpétuelle au moins dans sa majeure partie. Certes, on peut considérer le jeu comme très court (si l’on a pas envie de tout refaire avec Luigi par exemple). Toutefois, il est de très grande qualité.

STR et Conclusion

Finalement, je me rends compte que ce sont les principaux jeux qui m’ont marqué en cette année 2007 ou plus vraisemblablement en cette fin d’année 2007. Difficile de se souvenir de quels jeux sont sortis en début d’année et il est très probable que j’en oublie un ou deux marquants. Mais cela prouve aussi qu’aucun autre ne m’a véritablement bouleversé. L’année s’est révélée pauvre en STR (jeux de stratégie en temps réel) de mon côté. Grand laissé pour compte médiatique, aucun titre n’a su me séduire ou se démarquer des autres. Le genre peine à varier et l’on a l’impression de voir toujours les mêmes jeux ayant subi une refonte graphique. Seul Supreme Commander a proposé un gameplay totalement différent, très réussi apparemment mais qui n’était pas mon genre.
Deux grands classiques ont occupé un peu mon temps, Warcraft III sur lequel je continue à faire des parties personnalisées plus ou moins régulièrement ainsi que l’excellent Dungeon Keeper 2 auquel j’ai rejoué avec un grand plaisir. Il me reste actuellement à finir Super Mario Galaxy, à faire The Legend of Zelda : Twilight Princess, Metroid Prime 3 : Corruption et Prince of Persia : Rival Swords (même s’il est le portage de l’excellent Prince of Persia : Les Deux Royaumes que j’ai déjà terminé sur PC). De quoi occuper les premiers mois de 2008 avant la sortie de nouveaux jeux !

Posted in Jeux Vidéos | 136 Comments »

Joyeuses fêtes

décembre 23rd, 2007 Rackam

A toutes et à tous de joyeuses fêtes de fin d’année !

Posted in Hors catégorie | 165 Comments »

Conférence de M. Dominique de Villepin

décembre 7th, 2007 Rackam

M. Dominique de Villepin nous a fait l’honneur d’une visite dans les locaux de l’Institut Politique de Lille ce jeudi 06 décembre pour traiter du thème “Pouvoir et politique” et à l’occasion également de la sortie de son dernier ouvrage Le Soleil noir de la puissance 1796-1807.

Biographie.

Petit rappel biographique qui peut toujours s’avérer utile pour situer le personnage. Dominique Galouzeau de Villepin est né à Rabat en 1953. Titulaire d’un diplôme de l’Institut d’Etudes Politique, énarque, il entre aux Affaires étrangères à sa sortie de l’ENA. Il occupe plusieurs postes de diplomatie avant de devenir directeur de cabinet d’Alain Juppé puis Secrétaire Général de l’Elysée sous le septennat de M. Chirac (1995-2002). Il prend la tête du Ministère des Affaires étrangères pour deux ans puis de celui de l’Intérieur pour une année. Il est enfin nommé Premier ministre de 2005 à 2007 puis prend sa retraite politique.

Introduction

Après cette biographie fort chargée, passons au sujet en lui-même, à savoir la conférence qu’il a animé en cette après-midi pluvieuse. M. Pierre Mathiot, directeur de l’IEP, introduit cette conférence au cours d’une intervention d’une poignée de minutes. Il pose globalement trois questions à M.  de Villepin pour poser les jalons de son discours. La première concerne plus son lire, la passion prononcée de M. de Villepin pour le personnage de Napoléon Bonaparte (un prochain ouvrage conclura un triptyque sur sa vie). M. Mathiot a ressenti un positionnement de Napoléon I comme une sorte de “héros repoussoir”, un grand souverain mais qui aurait trahi son idéal de départ pour une volonté expansionniste. Il s’interrogeait donc sur la pertinence de son analyse de l’écrit de M. de Villepin. La deuxième question concernait plus le thème devant être abordé, à savoir les rapports entre solitude et pouvoir. Le Premier ministre qui est l’homme par excellence disposant de moyens de communication et dont une grande partie du rôle même concerne cette thématique est pourtant un homme seul voire isolé. Qu’en est-il de ce paradoxe. Enfin, il a conclu avec une interrogation plus personnelle. En effet, il questionnait M. de Villepin quant à sa légitimité en tant que Premier ministre, lui qui n’a jamais pratiqué de mandat électif.

Précisons de prime abord que M. de Villepin n’abordera aucunement ces thèmes et idées dans son intervention qui n’aura d’ailleurs même pas de rapport direct avec l’intitulé de la conférence (Pouvoir et politique). Il me semble pertinent également de préciser qu’il s’est avéré parfois assez difficile à retranscrire, notamment parce qu’il multiplie au début de son intervention les références littéraires desquelles je me dois d’avouer ma plus complète ignorance. Ainsi, préfère-je m’excuser par avance si mon compte-rendu n’est pas parfaitement clair, j’ai essayé de ne pas travestir ses paroles tout en les rendant le plus compréhensible possible. Pour terminer sur la forme, le personnage est éloquent et apparaît souriant et sympathique.

Deux défis pour la politique

Introduction

M. de Villepin pose les deux parties qui vont composer son intervention, à savoir le défi mondial et le défi collectif de la France plus spécifiquement. En somme, comment faire en sorte que la France demeure la France, demeure elle-même dans un monde qui change et qui change vite ?

L’ancien Premier ministre puise dans l’Antiquité elle-même pour nous ramener aux sources de nos sociétés, à ces cites athéniennes qui, les premières, posèrent les questions qui nous intéressent encore aujourd’hui. Ainsi fait-il référence à deux mythes, celui d’Oedipe devant les portes de Thèbes dans un premier temps qui amène les questions de la solitude, de l’isolement mais aussi de la peur ou de la violence. La deuxième repère se trouve être le célèbre Labyrinthe (de Minos) qui symbolise la complexité de la vie, la dichotomie entre les volontés et les résultats.
Toutefois, si ces questions sont donc très anciennes, il semble que nous ne soyons pas plus capables d’y répondre que les philosophes grecs et que nous n’ayons guère évolués.

Défi mondial

Le monde a connu un véritable bouleversement depuis le temps même de la jeunesse de M. de Villepin. Les pays dits du Sud ont effet modifié le rapport de force par rapport au Nord. Quelques maigres décennies plus tôt, le Nord gouvernait sans contestation et décidait simplement s’il était assez généreux, s’il était suffisamment proche de sa grande tradition humaniste pour aider les pays du Sud, leur accorder par pure bonté d’âme quelques miettes. Or aujourd’hui, il se trouve que le Sud a conquit cette place que nous lui refusions, qu’il a complètement inversé ce rapport de force avec le Nord, il s’est véritablement émancipé.
M. de Villepin multiplie à ce moment du discours les références littéraires (Fernando Pessoa, Paul Celan notamment) et conclut sur le rôle précieux de l’art, de la littérature pour nous faire évoluer, pour modifier les consciences.

Ce défi du monde se caractérise par un désordre manifeste. On observe à une multiplication des crises et surtout de leurs conséquences. La mondialisation a entraînée un effacement des frontières, les conflits ne peuvent plus être considérés comme uniquement locaux mais ont bien des répercutions sur la région dans son ensemble et même le monde. Ainsi les Américains pensaient-ils pouvoir par une intervention en Irak, résoudre la crise Iranienne, calmer les velléités syriennes et résoudre la crise israelo-palestienne par “magie”. Toutefois, cette transition m’amène au second point de ce défi, à savoir la révolution de la puissance. La question de la force est selon l’ancien diplomate totalement absurde, elle n’est pas la seule clé de la puissance qui plus est.
Et M. de Villepin de mettre en lumière un paramètre totalement nouveau, à savoir l’identité, renforcée qu’elle est par cette mondialisation. Cette conscience que l’on a d’exister en tant qu’individu et au sein d’un groupe s’accompagne d’un véritable besoin de reconnaissance. C’est un rempart face à des agressions qui s’oppose à tout ce qui est imposé par l’extérieur a fortiori à tout ce qui est imposé par la force. Et l’on voit bien que cette conscience identitaire présente deux facettes, d’un côté l’aspect positif à savoir la défense de sa culture et de l’autre, les dérives, les déviations d’une conscience nationale, d’un patriotisme en un nationalisme.

Les problèmes nationaux dépassent les capacités des simples Etats aujourd’hui. D’où la nécessite d’une gouvernance mondiale, dès lors qu’une conscience mondiale est née. Cette conscience est bien présente mais les Etats ne se sont pas encore rendu compte ou n’ont peut-être pas encore accepté qu’ils ne peuvent être efficaces. La gouvernance est impossible sans l’accord des plus puissants, sans une véritable volonté de délégation des tâches et du pouvoir. En effet, M. de Villepin est persuadé que rien ne peut fonctionner sans que ces capacités d’agir et de faire ne soient déléguées.
Maintenant que l’on s’est accordé sur le fait que l’eau, l’air, la Terre étaient des biens publics mondiaux, il faut considérer la même chose pour la paix ou encore la justice. Ces biens doivent être légués en bonne et due forme, doivent être pérennes pour les générations futures. C’est de l’intérêt général que retire la gouvernance sa légitimité.
Ainsi se marque-t-elle par une multipolarité, puisque de nombreuses associations ou groupes se sont formés comme l’Union Européenne, l’OTAN, le MERCOSUR etc., mais aussi par une délégation du pouvoir. M. de Villepin nous explique alors qu’il avait proposé que les ministres des Affaires étrangères se réunissent au Conseil de Sécurité de l’ONU tous les mois même en tant que paix et non plus une fois par an. Ceci-ci avait pour objectif de proposer un plan pour la paix dans la durée, d’anticiper mes crises au maximum. Toutefois, cette suggestion n’a pas été prise en compte et certains problèmes ne sont actuellement pris en charge par personne. Les institutions internationales ont besoin d’être rénovées, efficaces et légitimes et les pays du Nord ont tout intérêt à fixer désormais des règles dont ils ne souhaitaient pas l’existence auparavant. Quoi qu’il en soit, une véritable mondialisation des esprits, une capacité à être mondial est à l’heure actuelle nécessaire.

Défi français

M. de Villepin est convaincu que la Révolution Française n’est pas encore achevée.

  • Ainsi met-il en exergue la faiblesse du consensus français. L’idéal de liberté à la base de cette Révolution a été détourné vers des notions positives comme l’égalité ou la propriété mais aussi vers des aspects plus facilement travestis tels que le mérite qui se confond souvent avec la vanité. La suspicion entre le pouvoir et la société est encore la marque de notre France actuelle et est véritablement nuisible.
  • Il souligne également la faiblesse de l’esprit collectif en France. Le peuple français a une énorme difficulté à se mobiliser sur des sujets divers d’où la difficulté notamment à entreprendre des réformes.
  • Autre écueil regrettable, la conception d’un “pouvoir majesté”. C’est une société de la défiance envers ce pouvoir, mais également entre les membres de cette société, pouvoir qui occupe l’ensemble de l’espace commun. L’Etat doit régler tous les différents entre les particuliers notamment. Cette idée du pouvoir entraîne une regrettable oscillation entre un excès d’attente vis-à-vis de ce pouvoir et un désenchantement certain quant aux résultats.
  • Enfin, la société demeure trop castifiée, trop écartelée. La promotion de la réussite crée également l’échec, elle écarte, sépare les personnes et divise la société. Le citoyen lui-même est divisé, en son soi même, entre le consommateur, le producteur, le contribuable, l’usager, le citoyen…

Et M. de Villepin de proposer trois pistes répondre à ce double défi. La première piste est la réconciliation, première et peut-être unique tâche de la politique. Ensuite doit-on observer une mobilisation autour de plusieurs projets, notamment sur les réformes ainsi que sur la construction européenne. Enfin il est nécessaire d’avoir un véritable projet mondial.

Séance de questions

Après ces quelques trois quarts d’heure d’intervention a suivi la traditionnelle séance de questions qui s’est avérée finalement courte et assez peu intéressante.

Cet échange a débuté par deux questions vraisemblablement mal comprises (soulignons les mauvaises conditions acoustiques) par M. de Villepin puisqu’il a répondu soit partiellement soit totalement en dehors de l’interrogation. La première a toutefois permis de mettre en avant le paradoxe de la mondialisation concomitante à la recrudescence des frontières en ce qui concerne l’immigration. La nécessité de travailler une fois de plus sur une échelle plus large que celle des Etats a été promue, évidence du fait de l’espace Schengen ici. Cette question de l’immigration doit s’accompagner d’un co-développement, notamment pour mieux comprendre les raisons de cette immigration illégale.

M. Mathiot, sans doute quelque peu frustré que l’intervention de notre invité n’ait pas porté sur ses questions a profité de l’occasion pour les poser à nouveau. Pour rappel, il s’agissait de l’isolement procuré par le pouvoir ainsi que de sa légitimité (par rapport aux mandats électifs).
Selon M. de Villepin, la solitude est une qualité intrinsèque de l’exercice de la fonction de Premier ministre. Un homme de pouvoir tel que le Premier ministre est sur le devant de la scène, sous l’exposition directe et permanente des projecteurs et donc, aveuglé. Cet isolement est un miroir, à la fois positif et négatif, reflet fidèle et piège. Il permet de prendre de la distance, du recul et d’acquérir une certaine sérénité. Toutefois, il peut également amener un narcissisme, le pouvoir est investi et occupé par des hommes cherchant l’honneur de la fonction. Le miroir, le “soleil noir” présente cette dualité entre l’image que le politique donne et l’image de ce qu’il fait réellement.
M. de Villepin se défend de son absence de mandat électif par la succession ininterrompue de fonctions qu’il a occupé, des Affaires étrangères à Matignon. Qui plus est, il se déclare totalement opposé aux parachutages (un homme politique de premier rang est investi par le parti dans une ville ou une circonscription avec laquelle il n’a pas le moindre rapport).

Des questions suivantes, je ne retiendrai principalement que la formule de “l’insatisfaction créatrice” en tant que moteur de la construction européenne, cette faculté à ne jamais être satisfait et à toujours vouloir avancer et progresser pour améliorer la situation du monde.

Conclusion

Que dire en guise de conclusion si ce n’est de rappeler le caractère très sympathique du personnage et son éloquence. Son intervention ne s’est inscrite ni dans l’intitulé de la conférence, ni dans les questions directrices de M. Mathiot, ce qui ne l’a pas empêchée d’être enrichissante. On regrettera peut-être des références littéraires un peu trop abondantes et obscures pour un étudiant de première année j’oserais dire typique et un discours dont la structure n’apparaît pas clairement au premier abord, structure que l’on retrouve toutefois plus facilement à l’écrit. On notera également à son actif de multiples raccords à l’actualité qui ont dynamisé et souligné son intervention, ainsi qu’une absence totale d’une supériorité qui peut transparaître parfois lors de ses interventions télévisées. Pour l’anecdote, on se souviendra également du magnifique poème, éloge de M. de Villepin, composé et récité par un étudiant.

Posted in Conférence, Politique | 186 Comments »

Anne-Lorraine Schmitt

novembre 30th, 2007 Rackam

Une petite pensée pour les proches d’Anne-Lorraine Schmitt, décédée dimanche dernier.

Cette ancienne élève de l’Institut d’Etudes Politiques de Lille, promo 2006, était actuellement au Celsa, une prestigieuse école des sciences de l’information et de la communication. Elle a été tuée dimanche dernier sur la ligne du RER D à Creil par de multiples coups de couteaux. Ses parents l’attendaient sur le quai de la gare d’Orly-la-ville pour se rendre à la messe en famille.
Son assassin est un délinquant sexuel récidiviste qui avait été condamné pour un viol sur cette même ligne du RER sous la menace d’une arme.

Réjouissons-nous, si l’on peut dire, qu’elle se soit défendue et ait blessé son agresseur au bras, permettant aux forces de l’ordre de rapidement l’arrêter. Dommage que ce fut au prix de souffrances supplémentaires.

Il n’en demeure pas moins que malheureusement, ce genre d’incidents arrive trop souvent. Et que rien ne pourra jamais l’empêcher, même à condamner les récidivistes à des peines de plus en plus dur ou à placer des caméras de surveillance tous les deux mètres.
Et il n’en demeure pas moins également que nous devons continuer à vivre, à ne pas sombrer dans la peur et la psychose, sous peine de ne plus sortir de chez nous.

Mes plus sincères amitiés et condoléances aux proches d’Anne-Lorraine.

Posted in Hors catégorie | 200 Comments »

Moorcock, son oeuvre

novembre 19th, 2007 Rackam

Quoi de plus difficile que d’écrire sur l’œuvre entière d’un auteur, qui plus est sur un auteur qui m’est si cher ?

Je vais essayer de vous faire partager mes émotions, vous faire comprendre pourquoi il fait partie de mes auteurs favoris sans vous gâcher le plaisir d’une lecture (ce qui serait contre-productif).

Biographie

Michael Moorcock est né fin 1939 au Royaume-Uni. Parallèlement à son travail d’écriture, il collabore avec plusieurs groupes de rock. Il devient rédacteur en chef de la revue Tarzan Adventures en 1957 puis directeur de la revue New Worlds. A l’origine chargé de réécrire les aventures de Conan, il crée ses propres personnages et univers pour aboutir à de nombreuses séries telles que Elric, Hawkmoon, Von Bek, Erekosë etc. Il rédigera également quelques livres qui sortent de ce grand cycle général comme Mother London, même s’ils ne sont pas à la base de sa renommée.

Je vais ici m’intéresser aux grandes séries présentées ci-dessus.

Un monde unique

Une grande partie de l’intérêt des ouvrages de Moorcock réside bien dans leur univers. L’auteur a réussit à retranscrire, à créer un univers unique et novateur que l’on retrouve dans chaque grand cycle.

Ainsi d’Hawkmoon à Elric, de Corum à Erekosë en passant par Von Bek, tous évoluent dans ce monde bien particulier.

Les premiers ouvrages peuvent être difficiles à appréhender, selon le cycle par lequel vous commencez. Certains passages vous paraîtront certainement mystérieux voire confus. Mais au fur et à mesure que vous lirez chaque épopée, que vous découvrirez un personnage ou plutôt une nouvelle facette du personnage, vous comprendrez d’autres aspects et découvrirez la cohérence générale. C’est une sensation réellement plaisante, chaque livre vous apporte sa contribution, son plus qui vous permet de mieux vous inscrire dans cet univers global.

Que vous dire maintenant sur celui-ci sans trop vous gâchez le plaisir ? L’œuvre entière se fonde sur le Multivers. Chaque planète n’est qu’une sphère parmi les infinités qui existent. Elles sont presque toutes gouvernées selon deux entités supérieures qui s’affrontent pour récupérer le contrôle de chaque sphère ou plan, pour établir au maximum leur influence : la Loi et le Chaos. Vous découvrirez toutefois que les livres sont loin d’être manichéens, ce qui en fait une des grandes forces. D’autres puissances apparaissent et jouent des rôles importants, le Chaos n’est pas le Mal absolu tout comme la Loi n’est pas le Bien.

Des personnages hauts en couleur

Le deuxième aspect fondamental des séries est sans aucun doute leur personnage principal, leur héros. Une fois de plus ici, ce “Champion Eternel” n’est absolument pas là pour sauver le monde. Ou du moins, il n’y arrivera pas de la même manière que dans une écrasante majorité d’heroic-fantasy. Ici, il est avant tout un homme, faillible, parfois faible et lâche. Il est souvent tiraillé entre les deux grandes entités, sa volonté de faire le bien et son allégeance au mal ce qui induit un comportement contradictoire ou du moins une séparation entre ses envies et ses actes.

On retrouve des personnages réellement charismatiques puisque crédibles et dotés de véritables défauts. Elric est lâche, assassin, cynique, traître. Et pourtant, on comprend son cheminement logique, on s’émeut de ses difficultés et de ses émotions. Il est pourtant plus que loin du héros traditionnel au cœur pur et vaillant.

Une structure parallèle

Ainsi, les grands cycles de Moorcock sont construits selon une même logique. On y suit un personnage majeur dans une sphère particulière qui va avoir affaire avec des entités supérieures quelles qu’elles soient et va tenter de corriger certaines injustices, de rendre le monde meilleur en quelque sorte. Il est toujours accompagné par un compagnon, ami fidèle, soutien dans les moments difficiles, bon conseiller. On retrouve également la traditionnelle bien-aimée. Malheureusement, la proximité avec le Champion Eternel ne va généralement guère leur réussir.

Je suppose que vous vous posez ici ces questions : Quel intérêt d’avoir de lire plusieurs cycles parallèles ? Cela n’engendre-t-il pas une certaine lassitude ?

Rassurez-vous, ce n’est absolument pas le cas. Tout d’abord parce que les héros sont très différents les uns des autres même s’ils ont certains points communs. Ensuite parce que si le monde est régi par le même principe général, cela n’empêche pas l’auteur d’introduire de nombreuses spécificités, un caractère tout à fait particulier à chaque plan. Vous trouverez dans Hawkmoon un aspect technologique assez développé, ce qui est totalement absent chez Elric par exemple. Le cycle von Bek se déroule à une époque assez récente dans notre monde, Corum évolue dans un univers complètement différent.

Enfin, tout autant que les personnages et les environnements, les actions elles-mêmes et les évolutions sont également distinctes. Du fait justement de leur personnalité et de leur plan, les héros n’entreprendront pas les mêmes actions et les rebondissements s’en trouveront différents.

Conclusion

Moorcock est pour moi un auteur fondamental que tout amateur de fantasy se doit de découvrir. Il apporte une véritable fraîcheur vis-à-vis de toute la tradition d’heroic-fantasy et nous propose un univers très développé et plus qu’intéressant.

J’ai volontairement raccourci au maximum mes explications et j’ai de fait négligé beaucoup d’aspects. J’espère vous en avoir donné suffisamment pour que l’envie de lire une de ces œuvres vous emporte et suffisamment peu pour ne pas gâcher votre plaisir. Ne vous inquiétez pas, vous découvrirez beaucoup de choses en lisant ces cycles, non seulement sur les histoires à proprement parler mais également sur le monde lui-même.

Pour des conseils purement pratiques, je conseille Corum ou Hawkmoon dans une première approche, ils sont les plus faciles. Elric est très intéressant mais peut-être plus compliqué à appréhender, Von Bek restant un ton en-dessous. Je ne peux malheureusement pas vous renseigner sur les autres sagas, ne les ayant pas lu.

Posted in Littérature | 192 Comments »